Nasha Gazeta

Publication dans la 12ème édition du magazine Nasha Gazetta.

« Mosaïque », signée Barbier-Mueller

S’aventurer à créer une nouvelle marque horlogère, qui plus est en Suisse, à Genève : seul un homme très audacieux, animé par la passion et confiant dans sa réussite en était capable ! Nous sommes ravis de faire partie des premiers à présenter cette nouveauté qui promet de devenir d’emblée un objet de collection très recherché. A ce jour, cette montre n’existe qu’en dix exemplaires.

Stéphane Barbier Mueller, à qui les amateurs de haute horlogerie doivent cette magnifique nouvelle montre, est connu à Genève pour trois raisons : il est le fils du célèbre collectionneur qui a créé son propre musée consacré aux arts de l’Antiquité, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie (voir « Nasha Gazeta » n°10), il dirige la régie Pilet et Renaud, l’une des plus grandes agences immobilières de la ville, fondée en 1872, et, enfin, il a ouvert un restaurant avec François-Paul Journe et Philippe Chevrier. Sa passion pour la Russie, qu’il cultive en s’y rendant plusieurs fois par an, nous a amené à le rencontrer plusieurs fois depuis de nombreuses années.

L’amour de la beauté est héréditaire chez Stéphane Barbier Mueller. Le premier collectionneur de sa famille fut son grand-père Josef Müller, né en 1887 à Soleure et qui, à l’âge de 20 ans, dépensa une année de salaire pour acquérir une toile de Ferdinand Hodler. « Heureusement pour lui et pour tous les amateurs d’art, il trouva un successeur digne et non moins passionné en la personne de son gendre, mon père Jean Paul Barbier. En s’appuyant sur les collections réunies par leurs soins, un musée portant leur deux noms de famille fut créé en 1977 », se souvient Stéphane. Son grand-père et son père aimaient voyager, découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, comme de nombreux Suisses en général, et ils ont transmis cette curiosité à Stéphane. Son amour pour la Russie est né plutôt tardivement, après la chute du mur de Berlin. Selon ses dires, avant cela Stéphane n’avait que des connaissances scolaires de la Russie, et l’image d’un territoire immense, informe et dangereux, situé au-delà d’un mur qui paraissait alors éternel.

Stéphane Barbier Mueller a toujours aimé l’histoire. « Il est évident que l’histoire des grandes puissances et des empires est bien plus intéressante que le passé des petits Etats. C’est pourquoi j’ai commencé par la France. Par la suite, la biographie de Pierre le Grand écrite par l’Américain Robert Massie m’est tombée dans les mains. Selon moi, c’est le meilleur livre sur cet homme d’Etat exceptionnel. Il n’a pas reçu le Prix Pulitzer pour rien ! » raconte-t-il. De ce fait, à bien y réfléchir, il n’est pas si étonnant qu’un homme qui dirige une entreprise prospère, amateur d’art et de voyages, collectionneur, connaissant la valeur du temps et côtoyant régulièrement des horlogers célèbres ait décidé de créer un objet d’exception.

Stéphane Barbier-Muller a été poussé à sauter le pas de la collection d’objets créés par d’autres à la création de ses propres pièces uniques par un désir de partager une partie de son héritage familial et culturel avec d’autres esthètes. C’est ainsi que sont nées les montres mécaniques Barbier-Muller. « Une montre, c’est le point d’intersection de l’art et de entrepreneuriat. Je n’aime pas considérer l’art pur comme un business, mais les montres forment un tout car derrière leur fabrication se trouvent une industrie, des places de travail, la création d’un nouveau produit. De plus, je me suis toujours intéressé aux nouveautés horlogères et j’ai toujours collectionné les montres », raconte Stéphane Barbier-Muller. Le modèle « Mosaïque » est un hymne au savoir-faire des horlogers genevois et à l’art décoratif. En élaborant sa première série, limitée à dix exemplaires, Stéphane Barbier-Muller s’est plongé dans les anciennes traditions de la mesure du temps. Il a imaginé une montre empreinte de classicisme, qui reflète l’histoire séculaire de la créativité humaine. Il s’est inspiré d’une des plus anciennes techniques de représentation artistique de l’image : la mosaïque, dont l’histoire remonte à la seconde moitié du IVe millénaire avant notre ère, époque à laquelle les palais et les temples sumériens de Mésopotamie ont été construits.

Grâce à une collaboration avec les meilleurs maîtres artisans actuels, spécialistes de la fabrication de boîtes précieuses et complexes (Les Boîtiers-Genève SA) et de cadrans (Les Cadraniers de Genève), sa conception d’abord abstraite a pris progressivement la forme d’un objet rare, exclusif. Perfectionniste, Stéphane Barbier-Muller a uni ses forces à celles de son ami de longue date, le célèbre horloger François-Paul Journe, qui a créé pour la « Mosaïque » un mécanisme original, entièrement manufacturé à Genève, gage de qualité et garantie d’une longue vie pour cette nouvelle montre. D’un point de vue purement esthétique, la beauté du motif cloisonné en pierres semi-précieuses est frappante. Il s’agit d’une technique complexe, parfois déjà pratiquée au XIXe siècle, qui demande de nombreuses heures de travail. Il faut premièrement trouver les pierres, les travailler. A la moindre erreur, elles se cassent. Il faut correctement les placer, les coller pour qu’elles tiennent… Pour la confection du modèle avec le boîtier en or rose de 41 mm de diamètre qui pèse 50 grammes, huit cents heures de véritable joaillerie et de travail minutieux, ainsi que près de 200 morceaux de jaspes de couleur blanche, noire, verte et brique, ont été nécessaires. Le rabat arrière qui se soulève permet non seulement d’observer le « cœur » du modèle, mais renvoie également aux anciennes montres goussets, comble de l’élégance masculine. Evidemment, comme l’a dit un politicien russe, l’essentiel est de commencer. Mais déjà cette question nous brûle les lèvres : comment le créateur de la marque voit-il son avenir ? « Nous avons déjà un nom, une généalogie, une marque déposée… Nous fabriquons à présent les dix exemplaires promis. J’ai offert le tout premier exemplaire à mon père, qui en a été très heureux. Il estimait le sérieux de ce projet, la beauté du modèle, le professionnalisme de F. P. Journe et a accepté que je décide de donner notre nom à cette montre. Ces montres seront proposées à la vente dans certaines boutiques exclusives de F. P. Journe Invenit & Fecit. Seulement quelques-unes, car il y a plus de boutiques que de montres ! » explique Stéphane Barbier-Mueller en riant. « Avec une production aussi limitée, il serait prématuré de parler d’une quelconque stratégie mais, il est vrai, si cette première collection est un succès, nous en créerons une deuxième, puis une troisième… et nous verrons ! J’espère fortement qu’un jour nos montres seront également vendues en Russie ! »

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Alix Barbier-Mueller